La néphrite lupique: une inflammation des reins causée par le lupus

«Le lupus érythémateux systémique (LES) est une maladie auto-immune. Cela signifie que le système immunitaire attaque par erreur des tissus et des organes sains, y compris les reins», explique le Dr Seeger de l’Hôpital cantonal de Baden. «Il peut en résulter une inflammation des reins, la néphrite lupique. Cette inflammation endommage en particulier les corpuscules rénaux (glomérules) responsables de la fonction de filtration des reins. C’est pourquoi on l’appelle également ‹glomérulonéphrite›», poursuit le médecin-chef.

Surveiller les symptômes

On estime qu’environ 20 à 60 % des personnes souffrant de lupus développent une néphrite lupique. Comme dans le cas d’autres maladies rénales, la néphrite lupique ne provoque pratiquement aucun symptôme à un stade précoce. «Cependant, elle peut se manifester par une augmentation de la pression artérielle ou par un œdème, c’est-à-dire un gonflement des jambes ou du visage. À un stade avancé, la maladie provoque des symptômes tels que la fatigue, des nausées, des vomissements, des vertiges, un malaise général, une perte d’appétit, une perte de poids, des démangeaisons et une détresse respiratoire», énumère le médecin.

On constate également des valeurs de laboratoire anormales associées à une protéinurie et/ou une hématurie. La protéinurie désigne une quantité excessive de protéines dans l’urine. L’hématurie est la présence de sang dans l’urine. Ces deux phénomènes ne peuvent être détectés que par des tests de laboratoire.

Le Dr Seeger souligne que ces symptômes ne touchent pas nécessairement toutes les personnes atteintes de néphrite lupique. Par ailleurs, on risque souvent d’associer faussement les symptômes à d’autres maladies.

Détecter la néphrite lupique à un stade précoce

En raison du risque plus élevé et des symptômes non spécifiques, il est essentiel que les personnes souffrant de lupus se fassent examiner régulièrement, afin que l’on puisse détecter à temps des signes de maladie liés à une atteinte rénale. «Un diagnostic précoce est important, car une néphrite lupique non traitée peut entraîner des complications graves telles qu’une insuffisance rénale», explique le Dr Seeger. «Un traitement rapide peut réduire le risque de lésions rénales irréversibles et améliorer la qualité de vie des patient⸱e⸱s.»

Un examen doit être effectué lors du diagnostic initial du lupus, en cas de suspicion d’atteinte rénale, en cas de poussée de lupus et une fois par an en tant que contrôle de routine. Les analyses d’urine et de sang conviennent à cet effet. En cas de suspicion de néphrite lupique, on effectue généralement une biopsie rénale, c’est-à-dire un prélèvement de tissu au niveau des reins. Il est ainsi possible de déterminer au microscope le type et l’étendue des dommages et d’initier le traitement approprié.

Options de traitement

«Le traitement de la néphrite lupique vise à contrôler l’inflammation, à prévenir la progression des lésions rénales et à préserver la fonction rénale», explique le médecin.

Il varie en fonction de la gravité de la maladie, mais comprend généralement une combinaison de médicaments. Tou⸱te⸱s les patient⸱e⸱s doivent recevoir un traitement médicamenteux à l’hydroxychloroquine. Par ailleurs, un traitement immunosuppresseur est presque toujours nécessaire. Ces médicaments suppriment l’hyperactivité du système immunitaire afin de réduire l’inflammation.

«Le traitement comprend en outre des médicaments anti-inflammatoires, appelés glucocorticoïdes. Il peut également être question de médicaments contre l’hypertension artérielle et l’excrétion accrue de protéines», explique le néphrologue.

En parallèle, les patient·e·s doivent veiller à suivre un régime pauvre en sel, connu pour abaisser la pression artérielle et réduire la charge rénale. Le tabagisme peut aggraver l’évolution de la néphrite lupique. Il est donc indispensable d’arrêter de fumer.

Les personnes concernées font l’objet d’un suivi régulier permettant de surveiller l’évolution de la maladie et le succès des méthodes de traitement, et d’adapter ces méthodes si nécessaire. «Dans certains cas, il faut donc répéter la biopsie rénale», explique l’expert.

Il souligne qu’il est très important que les patients respectent scrupuleusement les plans de traitement et les rendez-vous de suivi réguliers. C’est le seul moyen d’obtenir les meilleurs résultats possibles.

Grâce aux efforts de recherche en cours, il existe également de nouvelles approches prometteuses pour le traitement de la néphrite lupique.

Éviter les complications

Une néphrite lupique non traitée peut avoir des effets graves sur la santé. Si elle n’est pas traitée, elle peut entraîner une perte de la fonction rénale et, en fin de compte, une insuffisance rénale. «Les reins ne sont alors plus en mesure de filtrer les déchets et les excédents de liquide en vue de leur évacuation. Cela peut mettre la vie des patients en danger et nécessiter un traitement de substitution rénale tel qu’une dialyse ou une transplantation rénale», explique l’expert.

En outre, les troubles de la fonction rénale sont susceptibles d’augmenter le risque d’affections cardiovasculaires telles que les infarctus et les accidents vasculaires cérébraux. Par exemple, la néphrite lupique peut entraîner une hypertension, c’est-à-dire une pression artérielle élevée. L’hypertension n’a pas seulement un effet négatif sur la santé cardiovasculaire, elle peut aussi causer d’autres dommages aux reins. La réduction de la fonction rénale entraîne également un risque accru d’infections.

«Il est donc extrêmement important de détecter rapidement la néphrite lupique et de la traiter de manière appropriée afin de réduire le risque de complications graves et d’améliorer la qualité de vie des patient⸱e⸱s. Des examens médicaux réguliers et une collaboration étroite avec un⸱e rhumatologue et un⸱e néphrologue contribuent de façon déterminante à un traitement efficace et une bonne gestion de la maladie», souligne le Dr Seeger.

Le pronostic à long terme pour les personnes atteintes de néphrite lupique s’est considérablement amélioré ces dernières années grâce aux progrès de la médecine.

Prévenir la néphrite lupique

Bien qu’il n’existe pas de mesures spécifiques permettant aux personnes atteintes de lupus de prévenir la néphrite lupique, certaines stratégies permettent d’améliorer leur état de santé et de réduire ainsi le risque de complications. Il s’agit notamment de contrôles réguliers et d’une prise correcte des médicaments prescrits. L’arrêt du tabac, une alimentation équilibrée, l’exercice physique, un sommeil suffisant et une bonne gestion du stress peuvent contribuer à renforcer le système immunitaire et à améliorer la santé générale des patient⸱e⸱s. «Les personnes atteintes de lupus doivent également veiller à une protection solaire forte, car les rayons du soleil peuvent provoquer des poussées de maladie», ajoute le Dr Seeger.